Prise d'otage


Oui, j'ai l'habitude de passer de longues minutes à chaque semaine dans ma voiture. Parfois, au grand désarroi de mes amis banlieusards, ces minutes se changent en heures. Je suis à l'occasion, une otage de la route lorsque vient le temps de rentrer à la maison après ma journée de travail. J'essaie de ne pas trop me plaindre, car si j'ai choisi de m'installer à distance du boulot c'est pour savourer une qualité de vie bien citadine. J'avoue que je suis comblée à ce niveau. Vive le Plateau!
Cette fois-ci, il n'est pas question de circulation,mais bien de conditions météo.
Le 27 décembre dernier, je me suis aventurée sur l'autoroute 20 vers l'est. J'avais pris soin de regarder l'état des routes sur internet et à la télévision puisqu'on annonçait une tempête phénoménale en Gaspésie. On prévoyait 2-3 cm de neige dans le Bas du Fleuve où j'étais attendue avec impatience. J'ai donc fait boire mon petit cheval et suis partie en rêvassant à ce qui m'attendait là-bas.
La première partie du voyage fût douce. Le vent caressait doucement ma monture, balayant une mince couche de poudre blanche sur la chaussée. Peu de voitures se déplaçaient ce matin-là. Louche...!
Quelques kilomètres plus loin, le vent a commencé à être plus agressif et la belle petite poudre blanche est vite devenue de plus en plus abondante. Ça ne faisait que 30 minutes que j'étais partie. Je pouvais toujours rebrousser chemin, mais je rêvais toujours à ce qui m'attendait là-bas.
Vite, la route fût protégée par de nombreux arbres en bordure. Ce moment de quiétude m'a fait oublier les mauvaises conditions routières. Je me réjouissais d'avoir décidé de prendre la route. Puis, nous sommes arrivés vis à vis les grands champs venteux de Montmagny. Il était encore temps de "r'virer de bord". Je n'étais pas rendue à mi-chemin. J'ai pris une grande respiration, j'ai agrippé solidement le volant et me suis dit que j'allais faire un autre petit bout. J'avais l'impression de faire de la musculation tant mes muscles étaient tendus. Des jambes à ma nuque plus rien ne semblait mobile. Je me disais que j'en aurais pour quelques jours à ramollir tout ça,mais pensais aussi à ma récompense qui m'attendait au bout de la route.
Les rafales nous poussaient sans faire de discrimination. Que l'on soit une mignonne petite voiture, un redoutable VUS ou une TA...de grosse van. J'étais heureuse de ne pas conduire une Smart.
De chaque côté de la route, les tourbillons de neige à l'air fanfaron se donnaient en spectacle. C'était magnifique...jusqu'à ce qu'ils nous touchent et nous fassent valser de plusieurs centimètres. Je me suis demandé à maintes reprises à quelle vitesse se déplaçait le vent. J'ai eu l'impression qu'il compétitionnait avec mon petit cheval.
Il était trop tard pour rebrousser chemin. J'en avais plus que la moitié de fait et en retournant, je savais exactement ce qui m'attendait...je venais de le traverser avec courage. Cependant, je ne savais pas que LE PIRE M'ATTENDAIT!
Les vents violents ont appelé une alliée (comme si ce n'était pas assez). La visibilité quasi-nulle a fait son apparition. Magie, magie, magie!
Je me suis retrouvée en plein brouillard en un instant. Je tenais le volant fermement à deux mains, tentais de suivre la route en fixant le peu d'asphalte qu'il y avait devant moi en implorant tous les saints du coin...Et Dieu sait qu'il y en a dans ce coin de pays. Allons-y avec St-François, St-Pierre, St-Fabien,St-Ignace et St-Eugène. Je ne sais pas si c'est le fruit du hasard ou mes talents de prieuse...J'ai eu droit à une petite accalmie. Le temps de changer le poste de la radio. Les rigodons, j'étais pu capable!
Au bout de quelques minutes, sûrement un brin jalouse de ce délice qui m'attendait au bout de mon périple, la visibilité quasi-nulle est revenue. La maudite s'est battue avec les vents violents sans se rendre compte que j'étais là au beau milieu de cette querelle qui n'en finissait plus. J'avais envie de pleurer. Le nez me piquait et je n'osais pas lâcher le volant de peur de prendre le clos. J'étais prisonnière de la route, esclave de la température et martyre de mon esprit aventureux. À l'aide!
J'ai appelé en renfort mes alliés à moi... Allez St-Jean, St-Onésime, St-Joseph, St-André (je suis presqu'arrivée), St-Gabriel et St-Pacôme. Alléluia ou amen ! J'sais pas trop! J'ai finalement vu la pancarte verte annonçant...LA MARTINIQUE! Un bon petit rhum vieux m'attendait ainsi que ma choubouloute préférée. La prochaine fois, je prendrai l'avion!

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