Loin d'une tempête dans un verre d'eau



J’ai rêvé, plus tôt cette semaine…. disons que je rêve énormément ces temps-ci. Il paraît que c’est plutôt bon signe. Mais ce rêve qui s’apparente plus à un cauchemar a de quoi me glacer le sang quand j’y repense. 
Je n’ai pas la prétention d’être la reine de l’interprétation des rêves, mais le message qui m’a été envoyé devient de plus en plus clair à chaque jour.  Quand je me repasse ces images, j’y vois un avertissement. Un signal qui indique qu’une situation a assez duré.

Donc, j’ai rêvé que je me retrouvais sur un immense voilier, un os… de gros bateau. Rien à voir cependant avec mes aventures tropicales habituelles. 
Ce voilier est si énorme que ça semble peu probable que ce type d’ embarcation existe dans la vraie vie. 
Il n’y a pas que sa grosseur qui fait peur.  Nous naviguons en pleine tempête. Une tempête du « yable » comme on dit par chez nous. 
Les vagues sont tellement grosses qu’elles envahissent le pont. Je ne comprends pas que le capitaine ait décidé de sortir en mer par un temps pareil. Un temps pourri.  Il a le devoir de regarder les prévisions météo. S’il ne l’a pas fait, ça sent le manque de jugement. Comble de malheur, il ne semble pas y avoir de membres d’équipage sur le pont. Sont-ils allés se cacher dans la cabine? Et le capitaine, a-t-il quitté le navire avant que la « mar…  pogne? On dirait vraiment qu’on a été abandonnés en mer.  On est TOUS en mode survie. Ça sent pas bon!

Je suis affolée. Je m’agrippe au mât. Oui, je suis installée tout en haut. J’ai la meilleure vue. Vue sur la catastrophe qui se prépare. Le bateau est rempli à pleine capacité. Il y a des enfants et des adultes. Et très peu portent des vestes de sauvetage. Je reconnais quelques visages mais la plupart me sont inconnus. Plusieurs personnes sont malades. Je n’entre pas dans les détails mais qui dit « mal de mer « , dit… 

C’est l’enfer! Les vents sont si puissants que le poteau auquel je suis encore accrochée se promène d’un bord à l’autre, il me fait frôler l’eau…. J’ai peur de me noyer. Je me tiens à des cordes qui me glissent entre les doigts. Je prie pour rester en vie. Un sentiment d’impuissance m’envahit. J’aimerais aider mais je ne sais  pas comment. Je ne sais même pas pourquoi, ni comment je me suis réfugiée en haut du mât. 
L’intensité des vagues augmente. La mer nous charrie. Des gens passent par dessus bord.
Je suis horrifiée. Je me mets à maudire le capitaine qui n’a pas assuré la sécurité de ses passagers. En plus, il y a des enfants à bord. Je constate que la majorité des adultes sont des femmes.

Je ne sais pas si vous me voyez venir, mais je vais vous faire bien humblement ma pseudo-interprétation de mon… cauchemar.
Le bateau, ben c’est le système d’éducation. Bang!  Il navigue en pleine tempête, car faut se le dire… notre système d’éducation est plus que jamais en crise. Je n’entrerai pas dans les détails. Il y a eu passablement de textes dans les médias dernièrement. À mon avis, il n’y en aura jamais assez. De grâce ceux qui le peuvent, continuez à vous exprimer.
Les passagers, et bien ce sont les actrices et acteurs du système et leurs élèves. Ceux qui sont malades, sont sûrement des gens au bord du burn-out ou dont la petite flamme faiblit. Je parle ici autant des adultes que des élèves.  Pas rare de voir de nos jours des enfants du primaire déjà en burn-out. C’est désolant!
Le capitaine, c’est qui me direz-vous? Parce que ça prend un coupable…. C’est qui, c’est qui, c’est qui? Ben, je ne lui donnerai pas d’importance. On pourrait bien sûr nommer des noms. Qu’est ce que ça changerait? De toutes façons, on ne nous écoute pas. Mettons notre énergie ailleurs. 

Les vagues d’après moi sont toutes les revendications que nous faisons à répétition sans être véritablement entendus. Toute la bureaucratie qu’on nous impose en changeant aux deux-trois ans les façons de faire. Tout ça ébranle notre capacité d’adaptation et affecte nos facultés cognitives et met en danger notre motivation (même chez les plus passionnés). Je pourrais continuer longtemps en mentionnant tous les détails comme la lourdeur de la tâche , le manque de services, de ressources etc.

Et moi, dans tout ça. Pourquoi suis-je en haut du mât si près du ciel?  Parce que, ça a passé proche. Oui, j’ai failli passer par-dessus bord. J’ai écouté ma petite voix et je me suis mise à l’abri pour quelques temps. 
À l’abri, me direz-vous, en haut du mât? T’es folle? J’pense pas. J’ai choisi le meilleur endroit pour avoir le recul nécessaire. J’ai mis de la distance entre le MONSTRE  et moi. 
Mes amis, cela m’a permis d’observer de loin, de réfléchir, de mijoter pour être en mesure de mettre en place des actions afin de me reconnecter à ma passion. Veux, veux pas je réalise que je suis maître de ma destinée. Je ne peux pas attendre que le capitaine se bouge le cul afin que notre système change. Je devrai prendre d’importantes décisions afin de continuer à alimenter ma flamme. 
Pour l’instant, je vais continuer à prendre soin de moi en mettant mon masque à oxygène. Il est important de mettre son propre masque à oxygène, voire de prendre soin de soi. Même si c’est difficile à faire. Pour être apte à aimer, écouter, accompagner et soutenir nos enfants, notre famille, nos amis(es) ou nos collègues. Il est tout aussi important de ne pas perdre de vue ses propres besoins.

Ensuite, si je peux aider et/ou inspirer quelques personnes, ce sera ma petite victoire.  Et si je reste en vie ( lire: reste dans le métier)… Et bien là, ce sera ma grande victoire.

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