L'histoire d'une robe

Lors de mon plus récent voyage en France, je me suis dit qu’il serait intéressant de m’acheter sur place quelques vêtements. C’est toujours agréable que les gens nous complimentent sur notre look. Puis, lorsqu’on dit que ça vient des Caraïbes, de Paris ou bien de…la Côte d’Azur voir leur réaction est un peu « jouissif » avouons-le.

Vu le taux exorbitant de l’euro en cette période de l’année, j’ai décidé d’essayer de ne me dénicher finalement qu’un morceau. La robe parfaite pour le party que m’organisent mes amis pour mes 40 ans. Un seul morceau, mais une trouvaille ! Je la voulais originale, colorée, et surtout pas chère.

Pas facile la vie lorsqu’on magasine dans les stations balnéaires de la Côte Méditéranéenne. On croise toutes sortes de bonnes femmes sortant tout droit des yachts fabuleux stationnés dans le Port de Bandol pour la journée. Elles ne font pas que flatter les vêtements et les étiquettes de prix comme je le fais doucement. Non, elles, elles prennent le morceau choisi et parfois même plusieurs, se cachent dans la cabine d’essayage et attendent que la vendeuse crie « Non, madame on n’a pas plus grand! » « Du 42? Attendez, je vais aller voir. » La riche madame sort de la cabine en pleurant et la vendeuse l’achève en lui disant : » Je suis désolée madame, mais je vous ai apporté ce qui se fait de plus grand. »

Vous imaginez sûrement la cliente ressemblant à un pan de mur ou à un frigidaire deux portes? Mais non, pas du tout! La dame qui était dans la salle d’essayage de cette boutique pour maigrichonnes avait une taille normale « à mon avis ». Je ne comprends rien à leurs grandeurs.

Après avoir acheté un joli petit pantalon ¾, de grandeur « large », je me suis dirigée vers la terrasse la plus proche pour déguster une GROSSE salade.

Pendant les jours qui ont suivi, j’étais traumatisée. Je n’avais plus envie de faire du « shopping », ni de manger. Tout ce qui me trottait dans la tête était de boire de l’eau, marcher et …ne pas perdre l’idée qu’il me fallait dénicher une robe avant la fin du voyage.

Pour me changer les idées, j’ai décidé d’aller passer une journée à Nice sur la Côte d’Azur. Je me suis dit que la mer et la plage seraient beaucoup plus attirantes que les boutiques chics et chères de cette ville.

En sortant de la gare, je me suis dirigée à la porte d’à côté à l’Office du tourisme. J’ai ramassé un plan de la ville et la préposée à l’accueil m’a gentiment montré le chemin pour me rendre à la Promenade des Anglais. Il s’agissait de prendre l’artère commerciale jusqu’à la mer.

L’artère commerciale. « Commerciale » ça vient de commerce, de centre commercial qui veut dire magasins, boutiques, vêtements , robe et… tailles européennes. Ouf!

J’ai pris mon courage ainsi que mes bourrelets à deux mains et tenté bien que mal de traverser cette zone peuplée de bêtes de toutes sortes.

Premier arrêt dans une boutique, tiens une sacoche, ils ont ma grandeur en plus! Je la prends.

Deuxième arrêt, la Boutique Princesse TAM TAM, juste pour regarder, je n’achèterai rien. Depuis des mois, je vois ces jolis sous-vêtements dans les magazines. Je pourrai en toucher un qui ne serait pas sur papier glacé. Juste toucher, je n’achèterai rien. J’entre sur la pointe des pieds, je le savais, pas abordables du tout. J’aperçois cependant une petite pancarte « soldes ». Des maillots de bain Princesse TAM TAM …soldés? Je regarde les prix, les grandeurs, bonne affaire, même avec le taux d’échange, mais on dirait que la taille du maillot a elle aussi subi le taux d’échange . Je n’ai jamais porté ça du 40 et 42, mais on dirait tout de même ma taille. OK, juste pour essayer, je n’achèterai rien. Ils n’avaient pas de 44. Je suis ressortie de la boutique complexée plus que jamais, mais je crie victoire : « Je n’ai rien acheté! »

Troisième arrêt, Boutique Morgane de Toi. On a parfois ces vêtements dans les jolies boutiques de Montréal. Je me rue sur les soldes. Il y a, à l’arrière boutique des tas de vêtements soldés. Je trouve un jean noir superbe. La coupe évasée est sensée amincir et sur les poches, il y a des « M » brodés. M comme dans Michaud ou Maudit qu’ta un beau cul, mais moi c’était « Maudit qu’esse t’a mangé pour porter du 42, Tabarn…? Je comprends pourquoi, les soldes sont situés à l’arrière-boutique. On y cache les grosses…qui portent du 42!

Je ressors en me disant que de toute façon, je n’ai pas envie de payer pour de l’excédent de bagages. L’argent que je vais sauver ici, je vais le payer en kilos de trop à l’aéroport. Je suis mieux de laisser ces guenilles ici et de garder mon argent pour mes versements au gym ou de la lipo dans 10 ans.

En fin de journée, je me dirige allègrement vers la gare pour prendre le train. Oh, malheur, je passe devant le célèbre « Galeries Lafayette ». J’en tremble. Je ne veux pas y entrer, mais c’est une institution. Je vais faire comme si c’était un musée, regarder, ne rien toucher et en ressortir.

La porte qui donne sur l’artère commerciale nous fait pénétrer dans le rayon « vêtements de plage ». Pas question d’acheter un maillot à 150 euros pour le bas, imaginez le haut. Ah, c’est vrai à Nice plusieurs femmes ne portent que le bas, mais moi c’est pas mon cas. Je n’ai pas pu m’empêcher de flatter les hauts de maillots pour constater après plusieurs « touchers » qu’elles ont des p’tits tétons les françaises. On a peut-être des plus gros culs, mais on a les boules qui vont avec. Na,na,na,na,na!

Après 10-15 minutes au Musée des petites boules, quelqu’un ou plutôt quelque chose me fait signe. Elle est belle, originale, légère, colorée…si elle n’est pas chère, elle est à moi. À moins qu’ils n’aient pas ma grandeur. Vous avez deviné, c’est une jolie petite robe soleil.

Je choisis avec soin les motifs, parce qu’il y en a plusieurs. Par précaution, j’apporte une M et une L dans la cabine d’essayage. La M me va à merveille. C’est un signe. Signe que je dois sauter sur l’occasion de refaire mon estime personnelle.

J’apporte cette trouvaille à la caisse. La caissière tente par tous les moyens d’enlever le dispositif de sécurité sans y arriver. Elle demande l’aide de sa collègue qui n’y arrive pas plus. On fait appel à un agent de sécurité qui n’y arrive pas non plus. Il va en chercher une autre. Je vérifie et c’est la même. Il n’arrive pas à enlever le maudit « gugusse ». Il s’en va et me dit de patienter. Il revient avec la robe, je vérifie et il l’a déchirée un peu en la massacrant « je suppose ». Je ne la veux pas.

Il va en chercher une autre qu‘il tente de libérer devant une dizaine de clients. Pendant ce temps, je me demande si je fais vraiment une bonne affaire. Cette robe n’est peut-être pas pour moi ou bien au contraire, je l’aurai méritée.

Yes ! Il réussit, mais il a pris une L, le « tarla ». Je ne porte pas de L. Il retourne « le pôvre » chercher la dernière qui reste pendant que le temps file. J’ai un train à prendre, moé !

Je paie la marchandise et marche d’un bon pas vers la gare en me disant que ce sera une belle petite robe à porter sur un maillot ou bien avec rien dessous pour aller voir Roméo en soirée.

La première fois que je porte la fameuse robe c’est ici au Québec. Je fais un tas de courses, commence par acheter un café pour la route, fais le plein de victuailles chez IGA, vais à la SAQ. Je sens vraiment que cette robe est spéciale. Les couleurs attirent les regards et avec mon bronzage, ça fait vraiment « vacances. » C’est un HIT!

Plus tard dans la journée en m’admirant dans le miroir, je remarque que cette robe est tellement légère qu’elle en est …transparente.

N’oublions pas que c’est la robe du Musée des petites boules, mais moi j’en ai des …grosses!

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