POISON D'AVRIL



Vous êtes sommé de comparaître devant la cour supérieure, chambre criminelle, du district de Montréal au Palais de justice, 10 St-Antoine Est Montréal, le ...à ...heure, pour servir en qualité de JURÉ pendant le terme des assises. Veuillez prendre note que vous devez être disponible sur demande pour le terme des assises criminelles de mai et juin 2011.

Deux petites phrases qui m’ont fait sauter au plafond et même presque péter les plombs. Phrases bien placées au fond d’une enveloppe brune laissée sans vergogne dans mon escalier par mon facteur. Après une lettre enregistrée la veille, me voilà prise avec un avis de convocation à la cour. J’peux pas dire que ma vie est plate, mais je ne me doutais pas que ma fin de semaine bien méritée (bulletins finis) allait débuter ainsi. Je m’étais promis de ne pas boire de vin puisque j’en avais bu mercredi, jeudi et que j’allais possiblement en boire samedi soir. Le choc trop grand, je n’ai pu résister à l’ouverture d’une bouteille que j’avais sous la main. Une savoureuse Heineken. Pour mes amis qui savent que ne bois pas vraiment de bière, le contenu de cette enveloppe mystérieuse devait me sûrement me faire “freaker” un peu .
Sans avoir lu le document au complet, mon imagination s’est mise en mode accéléré. Il y a même eu du dérapage à quelques occasions (ouverture de bières entre autres). Je me voyais déjà choisie et obligée de passer la fin de mon année scolaire dans une chambre d’hôtel du centre-ville. Je pensais au nombre de minutes, d’heures, de jours même sans pouvoir utiliser “Guy Move” mon ordi. Ma vie sans Facebook allait devenir inintéressante, voire moche .
J’imaginais le genre de procès. Un procès sans grand intérêt comme celui de Norbourg, un procès de motards ou pire que ça de gangs de rues. Je suis même allée jusqu’à me voir en tant que “leader” du groupe et proclamant l’accusé coupable. Puis, j’ai pensé à Némo, le petit poisson que j’ai fait courir la semaine dernière. J’étais possiblement punie d’avoir choisi des petites victimes de 7ans ou bien était-ce un poisson d’avril qui m’était destiné personnellement? Je m’ouvre une autre bière.
En lisant la missive au complet, j’ai dû admettre que je n’avais aucun motif pour invoquer l’une des causes d’inhabilité et être exemptée. L’imagination n’a fait qu’une toute petite pause. Elle a repris de plus belle en me faisant chercher sur internet des trucs et astuces afin de ne pas être choisie. J’ai réalisé que “POUR L’INSTANT”, je n’étais pas choisie. OUF! Il y a un tas de légendes urbaines qui se promènent sur internet ou dans la bouche de mes amis. “Tu n’auras qu’à arriver vêtue négligemment, sans maquillage et porte tes anciennes lunettes.” “Dis-leur que tu es POUR la peine de mort.” “Mets une tuque et insiste pour la porter pendant la comparution.” “Chique de la gomme et mets-toi une dent noire.” “Dis-leur que t’as déjà sorti avec un Hell’s et que tu as encore des contacts avec lui...même s’il est mort.”
J’estime que je suis une excellente comédienne, mais j’ai ma fierté. Je pourrais m’inventer un personage à la “ Jean-François Harrisson” et me pointer là. Je pourrais même leur dire qu’il est mon voisin et qu’il m’a donné des cours.
Après ma 3e bière, je suis relaxe et je m’imagine très bien au tribunal avec mon jugement inébranlable, mes idées ordonnées, mon sang froid légendaire et je crois même que j’ai la tête de l’emploi. Voilà pourquoi, j’ai si peur d’être choisie, mais en même temps ça pourra donner d’excellents billets pour mon blogue. En attendant, je considère cette histoire non pas comme un poisson d’avril (car ça n’en est pas un) mais comme un véritable POISON d’avril. C’est à suivre...

Commentaires

Articles les plus consultés