Halloween Blues

L’an passé à pareille date, j’ai eu la chance ou plutôt l’opportunité de passer l’Halloween. Oui, oui, la fameuse promenade annuelle dans les rues à quémander des bonbons. Je sais, ça ne fait pas très glamour, mais bon! Ça faisait, je crois plus de vingt ans que je ne l’avais pas fait. Peut-être plus, même. J’ai voulu, question de nostalgie faire un retour en arrière. J’ai sillonné les rues d’un autre quartier que le mien avec des amis et leur progéniture.

À ma grande surprise , il y avait peu de maisons décorées et illuminées. Je me suis dit : « Oh là là que les sous-sols de maisons doivent être occupés. Ce n’est pas vrai que tous ces gens-là sont au restaurant. Ça doit faire plusieurs jours qu’ils préparent leur quartier général en cas d’attaque. Attaque de petits mousses déguisés et de petits monstres en manque de sucre. Ouf, que ça fait peur! Bouuuuuuuuu !

Oncle Roger a dû remplir son frigo du sous-sol de bière. Tante Juliette a descendu le four micro-ondes pour faire chauffer les ailes de poulet. Gilbert a placardé ses fenêtres avec des sacs à poubelle pour ne pas laisser voir qu’il veille dans sa cave.

Il me semble que la meilleure place le soir de l’Halloween, c’est le chaud décor de sa maison. Et puis, accueillir des petits monstres pendant 2-3 heures, ça change de la routine et ça rend heureux de les voir si excités. En tout cas!

Je pense que pour profiter de cette fête, il faut avoir des enfants. Voir dans leurs yeux la joie de cette cueillette, doit être mémorable pour des parents. Espérer pouvoir fouiller dans leurs sacs lorsqu’ils sont endormis doit être jouissif. Les pavaner dans leur beau costume doit flatter l’égo et les faire marcher à n’en plus finir pour qu’ils dorment le lendemain matin doit être un but secret pour des parents.

Pourtant, moi, je ne m’attardais qu’à l’autre côté de la chose. Je voyais leur indice glycémique monter lorsqu’ils ouvraient leurs sacs sur le seuil de la porte de leurs voisins. Je les imaginais, le lundi matin en classe endormis comme des marmottes en train de rêver qu’ils se faisaient poursuivre par un gros sac de chips ou une tire Ste-Catherine. Ou bien, l’effet inverse… en train de faire l’orang-outang sur le bureau de la maîtresse en chantant des chansons à répondre.

J’ai remarqué que les parents d’aujourd’hui sont assez efficaces quand vient le temps de remplir les « containers » de leurs enfants. On passe l’Halloween en voiture. Au lieu de faire 3 rues dans notre quartier, on peut faire 3 quartiers. Et, on prend pas de chance…finies les petites citrouilles de plastique comme on avait dans le temps. Les gros sacs réutilisables de Métro, c’est ben plussse pratique!

Je plaignais les pauvres petits qui ont fait leurs premiers pas à la fin de l’été et qui, à cause du « fameux costume « fluffy » de mouffette » de mamie ne peuvent pas mettre un pas devant l’autre. Mais, maudit que c’est cute!

Et que dire des madames qui sortent les poussettes des wagonnettes. Elles font passer l’Halloween à des bébés de 8 mois comme si c’était eux qui l’avaient demandé. On se demande bien où vont les friandises, mais quand on observe bien la silhouette des madames, on comprend tout.

Bref, c’est sensé être une fête pour les enfants, mais je les plains ces chers enfants. Se sentir obligés de manger des bonbons, c’est sensé être normal surtout après avoir montré tant d’effort pour les recueillir. Être obligés de frapper aux portes d’inconnus. Se promener tard dans la rue et rencontrer des « ados-minables » qui leur font peur. Ne pas savoir que leurs parents pillent leur trésor en cachette. Ne plus pouvoir manger de bonbons à l’école, et j’en passe.

Moi ce que j’aime bien au fait de passer l’Halloween, c’est qu’on peut écornifler chez les gens. Voir les décors dans les maisons ça répond à notre petit côté voyeur. C’est bien plus l’fun que de prendre une marche et essayer de voir par les fenêtres. Là, les gens nous servent tout ça sur un plateau d’argent en ouvrant bien grand leur porte. Hum! Pas besoin d’acheter Décormag, on peut écornifler en paix sans remords.

Je crois que l’an prochain, je louerai des enfants pour passer l’Halloween dans mon coin et mieux connaître l’intérieur de mes voisins…oupsss mieux connaître mes voisins.