Parce que c'est lui
J’y suis allée pour ELLE. Parce que c’est elle. Puis, aussi parce que je n’avais pas le goût de faire les bulletins de mes élèves. En tout cas, pas tout de suite. Je savais que je ne serais pas déçue par cette exposition. J’étais loin de me douter cependant que j’en sortirais si bouleversée. Amoureuse moi aussi, de la vie, de l’Amour... de l’île Verte, je m‘en allais à la rencontre d’un récit amoureux.
L’émotion qui a tourbillonné en moi pendant ces deux heures m’a chamboulée de belle façon. C’est pourquoi, j’ai senti un urgent besoin d’en parler.
Je l’ai toujours trouvée intéressante cette Chloé Ste-Marie. Lors de ses trop peu nombreuses apparitions publiques, j’aimais voir l’énergie qu’elle dégageait, sa simplicité naturelle et la candeur qui s’échappait de son être. Et puis, je la trouvais si belle. Lorsque je suis allée la voir en spectacle à la Place des Arts, j’ai tout de suite su qu’elle ne jouait pas de “game”. L’authenticité de cette femme est remarquable. Lui, je ne l’ai pas vraiment connu ou je ne m’y suis pas vraiment attardée. Je savais qu’il était un grand cinéaste de talent qui a marqué le Québec. Qu’il avait kidnappé son ange alors qu’elle n’avait que 19 ans et qu’il lui avait offert ses ailes.
Après avoir vu cette exposition, je constate que j’ai manqué quelque chose. Le portrait tracé tout au long du trajet nous révèle l’HOMME, un homme attachant, d’une grande sensibilité, drôle, un artiste de grand talent et tout un poète. Ce qu’il semblait y en avoir des choses dans sa tête. C’est presque déconcertant.
Cette rétrospective de la vie de Gilles Carle nous amène dans “LEUR” univers parfois cocasse, souvent émouvant et surtout TRÈS intime. Il y a des photos d’eux, mais surtout d’ELLE, sa muse qui s’y expose sans pudeur. Il a su mettre en valeur la beauté ainsi que la sensualité de celle qu’il aimera jusqu’à la fin.
Des lettres et des messages échangés par les deux amants sont laissés à notre disposition. C’est passionnant de lire ces éléments de correspondance même si parfois on a l’impression d’être un peu voyeurs. Ces écrits regorgent d’humour, mais principalement d’Amour. À ce moment, on envie leur vie.
Les dessins et les toiles de Gilles qui sont présentés sont représentatifs de sa vie. On y reconnaît facilement, la fête, le plaisir, le sexe. Les oeuvres créées en fin de vie sont là et elles ont leur place, selon moi, même si elles nous arrachent quelques larmes au passage.
Et finalement, un film de Charles Binamé tourné sur l’île Verte est présenté. Ce film met en scène une Chloé éblouissante et aimante et un Gilles qui semble savoir qu’il devra la quitter puisqu’on y relate quelques scènes d’un scénario qu’il a écrit. Ce texte troublant met en scène un père mourant et sa fille. Puisque Gilles et Chloé ont 34 ans de différence, on peut supposer qu’il s’est inspiré de sa relation avec sa fidèle compagne. Ce film est un vrai bijou. Le “motton” dans la gorge est omniprésent pendant l’écoute de cette généreuse tranche de vie.
Ce que je ramène avec moi après cette visite c’est la certitude que cette histoire d’Amour est véridique. Que l’Amour avec un grand “A”, ça existe. On ressent l’amour inconditionnel dans toutes les pièces du musée. Sans la prendre pour acquise, il l’a aimée jusqu’au bout. Et, elle de même. Dans leurs écrits, on sent parfois l’insécurité qui mène à la fragilité de l’Amour. Il a vraiment su la choisir. Lui qui a été son protecteur au départ a vu les rôles s’inverser. Elle est restée là, jusqu’à la fin, auprès de celui qu’elle appelait “Le Maître de sa vie”. Elle l’a accompagné dans la maladie en pétillante amoureuse dans le respect et l’Amour. Elle peut bien porter ses cheveux si rouges. L’Amour lui va si bien!
Je me demande comment elle fait pour lui survivre. Une chose est certaine, en parcourant les pièces de cette exposition, on a la certitude qu’il l’a aimée... et ce, intensément. Je crois qu’elle peut vivre en paix. J’ose imaginer qu’il est parti en paix, car son ange, sa muse, son amante, sa compagne, sa femme semble lui avoir tout donné parce que c’était LUI.
L’expression “Pour le meilleur et pour le pire” prend ici tout son sens. On peut dire qu’ils ont savouré le meilleur et subi le pire.
Que j’aimerais rencontrer cette Grande Dame. Je ne sais pas ce que je lui dirais, mais je lui “quémanderais” un câlin juste pour recevoir une transfusion d’Amour. Il me semble que récolter ne serait-ce que quelques pépites d’Amour de cette Grande Âme doit faire du bien.
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