Quand bénévolat rime avec chocolat


Jean-Pierre fait du bénévolat depuis plusieurs années. Ce qu’il préfère est le moment de l’année où il va remettre des paniers de nourriture aux gens dans le besoin. Donc, en décembre, il se présente aux adresses qu’on lui remet avec son camion chargé de boîtes de denrées. 
Il y rencontre des tas de gens. Des adultes, des aînées, des enfants et aussi la pauvreté, parfois même la misère. Jean-Pierre, sans juger entre chez les gens et tente de leur apporter un peu plus que quelque chose à manger. Souvent, il s’assoit avec eux afin de connaître un peu leur histoire et tenter de comprendre l’origine de cette souffrance. Il repart ensuite vers d’autres lieux, le baluchon plein de récits de vie et la tête pleine de tentatives de solutions. Jean-Pierre est conscient que des gens profitent du système, mais ce n’est pas à ceux-là qu’il pense en s’endormant le soir, car la vraie détresse existe. Ces temps-ci, il songe à Antoine. On pourrait même dire que c’est une obsession.
Le vendredi 2 décembre, Jean-Pierre se prépare à visiter de nombreuses familles avec Amélie qui est stagiaire en travail social. Tous les deux, sourire aux lèvres chargent le camion . Ils prennent la route et se dirigent vers une banlieue de la ville de Québec. Les deux messagers d’espoir visiteront une dizaine de familles cet après-midi, mais celle qui restera gravée dans leur mémoire et dans leur coeur est celle d’Antoine.
Vers 16h30, ils arrivent devant un immeuble à logements. La porte principale est dévérouillée. Ils montent à l’appartement #5 et frappent joyeusement à la porte les bras chargés de cadeaux. La porte s’ouvre et c’est un bambin d’environ 3 ans qui leur répond. Il leur répond que sa maman n’est pas là. Quand on lui demande si son papa est là, il leur répond des éclairs dans les yeux qu’il n’en a pas. Jean-Pierre et Amélie sont assommés. Ils prennent quand même le risque d’entrer. Ils commencent à vider le contenu des boîtes dans la cuisine accompagnés d’Antoine. Questionnant tour à tour le petit garcon, ils apprennent que c’est la voisine d’en haut qui est sensée le garder,mais elle n’est pas dans le logement. 
Jean-Pierre sort une boîte de chocolats et Antoine des étoiles dans les yeux demande s’il peut en avoir. Jean-Pierre ouvre la boîte et lui en tend un. Antoine en demande un 2e et se rend en vitesse dans une autre pièce. Jean-Pierre et Amélie le suivent  et  constatent que le petit n’est pas seul dans le logement. Son petit frère bien emmailloté dans son petit lit les regarde sagement avec ses grands yeux bleus.
Sans attendre, Jean-Pierre se rend à l’étage supérieur et frappe chez la voisine. L’occupante des lieux lui répond en ayant bien du mal à se tenir sur ses deux jambes. Des effluves d’alcool empestent l’air ambiant. Notre bénévole lui demande pourquoi elle n’est pas avec les enfants de sa voisine. Elle lui répond qu’elle n’est pas responsable de ces enfants qu’elle ne les connaît même pas. Sans faire ni un, ni deux, Jean-Pierre retourne voir Amélie. Quelques minutes plus tard, des policiers accompagnés des gens de la DPJ débarquent et embarquent Antoine et le bébé de 6 mois sans oublier la boîte de chocolats.

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