Le sel...ami ou ennemi?
Vive l’hiver! Saison où l’on peut se mettre en danger même si l’on ne pratique pas de sports extrêmes. Il a neigé récemment et la glace a été recouverte hypocritement. Avec le froid sibérien qui nous a touché ces derniers temps, la neige s’est transformée en glace et a fusionné amoureusement avec celle qui était camouflée.
Le plateau Mont-Royal est connu dans le monde entier pour ses escaliers extérieurs, mais on ne parle pas souvent des pièges de ceux-ci.
Depuis quelques jours, je trouvais que mes escaliers extérieurs étaient dangereux. Je m’agrippais à la rampe comme une p’tite vieille pour ne pas “piquer la plonge” spectaculaire que j’ai déjà piquée. Je l’ ai descendu sur le ventre cet escalier, il y a quelques années. Mon talon de botte avait cédé, j’avais perdu pied et m’efforçant d’être élégante en ne lâchant surtout pas ma sacoche, mon sac d’école et ma boîte à lunch, j’avais dégringolé la vingtaine de marches tête par en avant. Heureusement plus de mal à l’orgueil qu’au body cette fois là.
Mais là, c’est différent. Nous sommes l’hiver, il a neigé, il a fait frette, il a reneigé et refait frette. La neige de l’escalier s’est transformée en glace. Comme je ne suis pas seule à partager cet escalier, (Nous sommes 6!) j’ai bien pensé qu’un de mes voisins en aurait assez de craindre pour sa vie. Et bien, non! Ça fait environ 10 jours que les escaliers se préparent pour la discipline du “pétage de gueule”.
Loin de moi l’idée de participer à cette compétition surtout en ce moment dans ma condition. Ça serait vraiment pas une bonne idée!
Alors, je me suis décidée hier en allant faire ma promenade quotidienne de passer prendre un sac de sel déglaçant à la quincaillerie. En entrant dans le commerce, je les ai vus tout de suite. Ils étaient bien étendus sur le sol près de la porte. Je les trouvais un peu dodus par contre. Je vous répète que j’étais à pied. J’ai demandé gentiment au commis s’il n’avait pas des sacs plus petits. Ben non, toutes les tites vieilles du quartier sont passées ce matin me dit-il avec un clin d’oeil. Il m’offre du sel écologique ou ordinaire. Pas de réflexion, comme c’est moi qui paie pour la gang de compétiteurs de mon immeuble, je ne paierai quand même pas le sac 20 $. À 10$, c’est correct.
Le commis me demande si je suis en voiture. Je lui réponds que non , mais que je n’habite pas très loin. Il me regarde avec des points d’interrogation dans les yeux. L’autre client à la caisse, un comédien que je ne nommerai pas, me fixe d’un air hébété. L’orgueil m’aide à soulever le sac de sel. Je réussis à sortir du commerce avec un sourire. Une fois dehors , j’accélère le pas dans le but de le porter le moins longtemps possible l’os…de sac. J’offre un spectacle aux clients du Byblos. Au coin de la rue, je le laisse glisser. Câ….pu capable! Il est plus lourd que je pensais, le maudit. Je reprends mon souffle et fais semblant d’ajuster mes mitaines.
Je le reprends en essayant de le serrer fort par le centre. Bon, là ça va mieux, je le tiens par la taille le mausus. Au bout de 3-4 maisons, j’en peux pu. Je le garoche par terre le calv…..de sac. Coudonc, je sais que j’ai moins de force en ce moment, mais j’ai pas 80 ans, cib….!.
Je me penche pour ramasser le ta…. de sac de sel. Il me glisse dans les mains. Je regarde autour de moi. Deux filles s’en viennent sur le trottoir. Je fais semblant d’ajuster ma tuque. Je souhaite secrètement qu’un voisin arrive pour m’aider. Je regrette cet achat. J’ai le goût de le laisser là et de rentrer chez nous en pleurnichant. Misère!
J’essaie de le traîner par terre. Cibole, il se déchire un peu! Je rage! Je me mets à lui parler. Il se laisse prendre. Je pense qu’il a eu peur. Je marche vite, mon coeur bat, ou se débat… Je m’essouffle et essaie de faire la distance de 3-4 maisons. Je le garoche dans le banc de neige. Ça suffit l’esclavage. Est-ce que je vais mettre ma vie en danger pour 10$? Non!
Il me vient une idée. Si je réussis à le hisser dans les escaliers d’une des maisons, je pourrais le prendre plus aisément et l’agripper solidement et faire 5-6 maisons. Voilà qui est fait! Une maison, deux, trois…Maudit, les épaules viennnent de me craquer. Il me reste 3 maisons. Je prends une grande respiration. Je vois ma maison et surtout l’escalier. J’ai l’impression que je vais manquer de souffle avant d’arriver. Y a personne dehors pour me réanimer. Il fait tellement frette en plus. Le peu d’orgueil qui me reste me permet d’arriver chez moi et de câlis…… le sac sur la marche du bas. Pas capable de monter immédiatement. Je reprend mon souffle en faisant semblant de profiter du soleil et de l’air pur que mon système cardio-respiratoire tente de faire circuler.
Je frappe chez un premier voisin. Ça ne répond pas. Chez le deuxième. Il répond. Je lui ordonne presque de descendre chercher le sac de sel. Il obéit!
Je monte au 3e étage et sans me déshabiller, je “m’éffouere” sur le divan. J’ai l’impression que c’est la seule activité que je vais faire aujourd’hui. Au bout de quelques heures de convalescence bien au chaud dans mon manteau Kanuk, je m’active légèrement. Je vais bien, mais pas assez pour redescendre et étendre du sel dans l’escalier. Tant pis, je ne ressors pas aujourd’hui.
Samedi matin, le lever du corps est pénible. J’ai mal partout. J’ai du mal à respirer. Ma cage thoracique ne répond plus à ses réflexes. Ma colonne vertébrale me fait la gueule. Mes abdos sont ultra sensibles. Pourtant, je croyais avoir oublié qu’ils existaient ceux là. On dirait qu’un tracteur de ferme a dormi avec moi cette nuit. J’ai bien l’impression que je vais passer la journée avec mes amis Advil, sac magique, sel d’epson, relaxants musculaires et bien sûr apéro-spécial-bobo!
La morale de cette histoire? Réfléchissez- bien avant d’ajouter votre grain de sel. Je suis cependant certaine d’ une chose… Si j’avais planté dans l’escalier, j’aurais été moins maganée!
En passant, en ouvrant le sac, j’ai vu qu’on en aurait pour un bout. J’ai acheté un sac de 45 livres!!!
Je compatis chère Francine. En effet plus drôle à lire qu'à vivre. Sauf qu'après quelques jours, le mal n'est presque plus là. On en rit! Sois prudente! J'ai hâte de te voir!
RépondreSupprimerMoi j'ai réglé le problème du sel dans les escaliers. J'avaisa acheté du sel écolo pour mettre sur les marches fraîchement peinturées de l'été et combien glissantes. Mais j'ai trouvé une solution encore plus efficace. Les marches de caoutchouc noires vendues dans les quincailleries. Une vraie délivrance! Maintenant je ne crains plus de faire une double vrille piquêe. Après une vilaine chute il y a 3 hivers, qui m'avait coûté 700$ en osthéo et en douleurs intenses quand j'étais assise plus de 10 minutes, je risque d'économiser en bout de ligne.
RépondreSupprimerToi aussi, tu es une artiste des escaliers? :)))))
RépondreSupprimerLes marches de caoutchouc noires, nous en avons aussi,mais il me semble que ce ne soit pas assez. Faudrait peut-être lécher les marches aussitôt que la neige tombe! TÉQUILA!